ça aurait pu être pire... il pourrait pleuvoir des hommes.

En ce beau jour, après une fête de la musique célébrée comme il se doit, à base d'instruments fous, de flows entrainants, de bières à tout va, de bonne ambiance entre amis... il pleuvrait des tonnes d'individus, tout droit sortis de nulle part. A la sortie des bouches de métro, dans la rue, ils seraient partout, tu ne comprendrais pas ce qu'il se passe, tu te demanderais pourquoi ? Des hommes d'une autre planète et utilisant un langage personne ne comprendrais descendraient du ciel par milliers. La seule idée qui te viendrais à l'esprit serait de partir à la recherche de la solution, pour résoudre ce mystère, équipée de bottes de pluie, mais sans résultat, tu reviendrais bredouille. Tu devrais alors supporter cette horde d'individus qui te tomberaient dessus dans tous tes déplacements, tu devrais accepter que les chaussures italiennes d'un quadragénaire te heurtent de plein fouet le matin sur le pas de ta porte, que le collier d'une jeune femme plus que séduisante s'accroche à ton brushing parfait sur le chemin du travail, qu'une mamie esseulée se pose délicatement sur ton épaule pendant ta pause clope de 11:57. 

alors arrête de te plaindre, ils font des parapluies très chouettes, pleins de couleurs et de gaité. Et puis d'ailleurs t'as pas du boulot ?

ça aurait pu être pire ... tu aurais pu être emprisonné à Guantanamo et subir des tortures musicales.

Enfermé dans une cellule glaciale de 2m sur 2, un haut-parleur protégé par une grille métallique déverserait pendant 20 heures par jour un torrent de décibels infâmes. Outre le haut-parleur placé dans ta cellule, deux autres, de grande taille, seraient installés dans le couloir à l'extérieur. La musique aurait été quasi-permanente. Il se serait agit essentiellement de hard rock pour l'exterieur de ta cellule et du High School Musical à l'intérieur de ta cellule. Pendant plusieurs mois, tu aurais subi cette agression sonore menée à coups de chansons d'AC/DC, Zac Efron, Corbin Bleu, Queen, Monique Coleman, Pantera...

Alors arrête de te plaindre, mets des boules Quies ou enfile ton collier à pics. 

ça aurait pu être pire ... tu aurais pu te réveiller dans un champs, avec pour seule amie une vache.

Et ce 18 juin serait resté pour toi la soirée la plus étrange de ta vie. A l'approche des vacances d'été, tes amis et toi auriez décidé d'aller célébrer l'été en avance et d'aller rejoindre Hugo dans sa maison de campagne. En chemin, tu te serais senti mal et aurais demandé au conducteur de te déposer pour que tu finisses la route à pieds. Un peu ivre, tu aurais commencé à perdre tes repères. Tu te serais réveillé huit heures plus tard dans un champs, sans tes chaussures, ta montre et ton portable. Pour seule amie, une vache, ruminante te regardant te réveiller calmement. Tu aurais alors tenté de retrouver ton chemin, en faisant du stop, et tu serais arrivé chez Hugo une heure et quelque 30 kilomètres plus tard. 
  

Alors arrête de te plaindre, et puis se reposer avant l'été c'est bien aussi.

(alors que je m'appelle Jean-Rodolphe)

ça aurait pu être pire ... tous tes collègues pourraient t'appeler "le stagiaire".

Ils n'auraient même pas le temps d'essayer de trouver un prénom à te coller sur le visage. Le plus sympa d'entre eux t'aurait appelé Julien, parce que c'était le nom de l'ancien stagiaire, et que "c'est facile à retenir Julien". Ils seraient arrivés le matin et te diraient "hum j'ai bien envie d'un petit café moi", le regard insistant sur la machine à café de la salle de pause. En fin de matinée, ils t'auraient appelé du bout du couloir, t'auraient fait venir jusqu'à eux, et t'auraient demandé d'aller te rasseoir. Pendant ta pause déjeuner, ils t'auraient demandé un petit service "Le stagiaiiiiiiire ? J'ai oublié mon chapeau en faisant du shopping rue Etienne Marcel hier, tu veux bien y aller pour moi, j'ai une tonne de choses à faire ici". De retour au bureau à 19:00 après avoir couru dans tout Paris à la recherche du chapeau perdu, tu aurais été bon pour bûcher quelques heures supplémentaires, pour finir ce dossier, que de toutes façons, tu n'aurais jamais pu présenter.

Alors arrête de te plaindre. Appelle les par le nom de leurs mères, et si tu y tiens vraiment fais toi un badge avec ton prénom.

ça aurait pu être pire ... tu aurais pu souffrir d'hyperpilosité.

Et tes problèmes pileux auraient pris une toute autre envergure. Plus question de se raser, ta vie aurait tout bonnement été un enfer. Le Yéti, la Chose, tous les surnoms les plus faciles y seraient passés. Deux solutions se seraient alors présentées à toi : en choisissant de ne rien faire, tu aurais dépensé des fortunes en démêlants, après shampoings et crèmes en tout genre. En choisissant de tout épiler, tu aurais du passer ta vie chez l'esthéticienne, tu aurais élu domicile dans son cabinet, aurais du passer tes journées avec des bandes de cires collées sur tout ton corps. Avec le temps, tu serais devenu un attrape mouches géant.

Alors arrête de te plaindre. La moustache est tendance ces temps ci, tu la quitteras cet hiver. 

ça aurait pu être pire... tes parents auraient pu décider de finir leur vie sur une île minuscule, et de t'emmener avec eux.

Et tu aurais du finir ta conduite accompagnée sur une île de 12 km de long. Et 4 km de large. Tu aurais vu défiler les 3 000 km obligatoires à faire. Je ne suis pas douée en calcul, mais je suis certaine que tu aurais fini par connaître l'île comme ta poche. Tu aurais du passer ta vie dans ta voiture pour être sure de réussir ton examen à ton retour en France. Tu n'aurais pas pu profiter du bonheur de tes parents, ni de l'eau bleue lagon. Des petits poissons n'auraient pas nagé délicatement entre tes orteils. Tu n'aurais pas pu proposer à des amis de jouer au cartes sur la plage, ni même de siroter un cocktail de fruits frais sur la terrasse de ta maison.

Alors arrête de te plaindre. Bouge toi le cul ou prends le métro.

ça aurait pu être pire ... 
un cirque pourrait squatter ton jardin.

Le soleil, l'été, les vacances scolaires approchant, tu aurais eu la grande surprise de retrouver un beau matin, un éléphant dans ton jardin. Belle perspectives estivales, fini les barbecue entre potes et les soirées à regarder les étoiles. Les veilles de représentations, tu aurais du supporter la voix stridente du Monsieur Loyal & co au mégaphone. Tu aurais désormais du partager tout cet espace de liberté, rempli de souvenir d'enfance avec chapiteaux, cris d'enfants et autres blatèrements.

Alors arrête de te plaindre. Tu as un balcon, et ça c'est pas donné à tout le monde.

ça aurait pu être pire ...

tu pourrais être coincé dans le livre Où est Charlie ?

Une seule mission t'animerai, retrouver ce putain de Charlie. Sauf que tu ne saurais même pas qui il est. Tu aurais quelques indices sur ces vêtements, ses accessoires mais rien sur ses habitudes de vie, les lieux qu'il aime fréquenter, l'heure ni la date de sa disparition. Ultra concentrée et aux aguets, tu aurais la fâcheuse tendance à le voir partout. Au théâtre, au centre commercial, dans la rue même, ce serait un festival de rayures rouges et blanches pour tes yeux. Ta quête serait sans limite et sans fin, tu ne pourrais pas profiter de tous les voyages que tu feras, obnubilé par ce foutu Charlie.

Alors arrête de te plaindre. Accroche les autour de ton cou, ou cache les sous le paillasson.

ça aurait pu être pire ...

tu pourrais avoir une pomme de terre au milieu du visage.

Tout le monde t'appellerais patête, et le jeu à la mode serait de râper ton nez pour en faire des chips. Ton odorat serait complètement faussé par le légume, tous les goûts sucrés seraient anéantis l'amidon. L'été au soleil, tu ne pourrais pas te baigner dans la mer sans que les poissons viennent te dévorer.

Alors arrête de te plaindre, l'année prochaine tu pourras tenter le record du monde.

ça aurait pu être pire ...

tu pourrais être enfermé dans une bulle géante.

Un soir d'été avec tes amis vous auriez voulu rigoler, et auriez construit cette bulle géante à partir de sacs plastiques. Vous auriez passé des heures à la monter. Une fois finie, tu aurais été la première à avoir le droit de l'essayer. Tes amis t'auraient lancé sur l'eau dans cette bulle géante, et tu serais restée coincée dans votre construction. Tu aurais tout de même pu respirer grâce aux micro perforations dans les sacs plastiques prévues par les géants de l'agro-alimentaire. Tu aurais passé des heures à rouler, sur l'Océan, à rouler dans des prairies, sans pouvoir t'arrêter, jamais.

Alors arrête de te plaindre. Mets des pansements rigolos ça t'amuseras peut être.